GOTS, Oeko-Tex®, Better cotton, OCS, bioRé®… : quel label choisir pour du coton biologique ?

 

“Coton bio”, “coton Oeko-Tex®”, “coton GOTS”, “coton bio Oeko-Tex®”, “Better Cotton”, “coton OCS”… Dans la jungle des labels, mentions et autres appellations attribuées ou associées au coton, difficile de s’y retrouver quand on cherche à acheter des vêtements en coton bio. Dans un contexte où la demande en coton bio est de plus en plus forte - maintenant que le public sait que le coton conventionnel est loin d’être écologique, safe et dénué de tout rapport avec la traite d’humains -  et que les “certifications” se font de plus en plus nombreuses, c’est simple : on est de plus en plus paumé.e.s !

Alors lequel des moult labels et autres appellations existantes faut-il choisir pour véritablement acheter du coton bio ? Qu’est-ce que chacun d’entre eux nous garantit ? Tous ces labels et toutes ces mentions sont-ils d’ailleurs bien synonymes de coton biologique ? Pas toujours facile de savoir… Surtout qu’on est loin d’être les seules à s’y méprendre. À force de stratégies marketing, les marques jouent certes parfois le jeu de la confusion, pour encore et toujours redorer (ou plutôt reverdir) leur blason, mais elles peuvent aussi elles-mêmes se faire avoir ! Entre méconnaissances, manque d’informations, de clarté ou de transparence sur le sujet, elles peuvent parfois devenir complices, malgré elles, de la confusion régnante. Spoiler alert : c’est notamment le cas avec la certification Oeko-Tex® Standard 100 qu’on a vu un milliard de fois associée à la notion de coton bio, quand bien même ce label, seul, ne garantit en rien la présence en fibres biologiques dans un textile (on vous en dit plus dans la suite de notre article…).

Dans ce joyeux bazar, on a donc voulu faire le tri pour répondre à une question : au final, quelle est la différence entre coton bio, coton GOTS, coton certifié Oeko-Tex® ainsi que les autres mentions que l’on peut croiser quand on se tente à acheter des vêtements en coton bio  ? Et surtout : lequel choisir ? On fait le point pour que vous soyez enfin au clair sur le coton bio, dans cet article ! ;) 

La French’ team.

 

Rappel : qu’est-ce qu’une fibre biologique ?

Avant de commencer notre propos sur les labels et certifications, il semble primordial de rappeler ce qu’est une fibre biologique. Si cela peut paraitre simple, il faut bien se rendre compte que les normes encadrant la culture biologique sont multiples et variées, et peuvent se distinguer d’un pays ou d’un territoire à un autre. Ainsi il n’existe pas une culture biologique mais des cultures biologiques, au niveau mondial. 

Aussi, si une culture biologique est largement considérée comme une production n’utilisant pas de pesticides de synthèse, d’herbicides ou encore d’OGM, le détail des normes peut différer. Les labels et certifications mondiales et internationales encadrant ce qu’est un produit textile bio doivent donc prendre en compte ces variables. Pour ce faire, la plupart des labels et certifications se reposent, eux-mêmes, sur des normes nationales et internationales reconnues, en termes d’agriculture biologique. Au niveau international, c’est la famille de normes de l’IFOAM qui fait foi. 

Acronyme de International Federation of Organic Agriculture Movements (Fédération Internationale des Mouvements d'Agriculture biologique, en français, ou FIMAB), l’IFOAM est une organisation internationale qui couvre une centaine de pays et “uniformise” la notion de culture et donc de produit biologique. Pour faire simple, elle permet de distinguer les produits et cultures considérés comme biologiques, au niveau international. C’est donc sur ces critères pré-existants, que les labels et certifications encadrant les textiles bio doivent se reposer pour affirmer que la fibre de coton employées est belle et bien biologique. Voyons maintenant si c’est toujours le cas… 

 

1. Qu’est-ce que le coton GOTS ?

Le label GOTS, pour Global Organic Textile Standard, distingue deux catégories de produits textiles composés de fibres biologiques. D’une part, les articles textiles «fabriqués avec des matériaux biologiques», qui doivent être composés d’au moins 70% de fibres biologiques et indiquer le pourcentage de fibres biologiques contenues sur leur étiquette : “fabriqué avec X% de matières biologiques”. D’autre part, les articles textiles “biologiques” qui doivent, quant à eux, contenir à minima 95% de fibres biologiques. Ces derniers ont le grade “Organic” : dès que vous voyez cette mention précisée sur l’étiquette d’un produit GOTS, vous savez donc que celui-ci contient de 95% à 100% de fibres biologiques. 

Pour considérer une fibre textile comme issu de l’agriculture biologique, le label GOTS se repose bel et bien sur les normes nationales et internationales reconnues dans la famille de normes de l’IFOAM. À noter que le label GOTS considère également les fibres issues de cultures en transition biologique, sous le label “GOTS in conversion”. Les textiles fabriqués à partir de cultures en conversion sont donc composés de fibres pas encore tout à fait bio, mais qui ont toutefois été cultivées dans le respect des normes internationales de culture biologique. 

À côté de cela, GOTS inclue d’autres critères environnementaux et sociaux qui doivent être scrupuleusement suivis par les entreprises prétendantes au label. On retrouve ainsi parmi ces critères l’obligation de respecter les normes imposées par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) à chaque étape de transformation du textile, de n’utiliser que les produits chimiques autorisés par le label, de se conformer à nombre de restrictions environnementales etc. etc. …

Le label GOTS couvre ainsi le produit textile fini mais également toute sa chaine de production, de la transformation de la matière première au commerce et à la distribution du vêtement fini, en passant par les étapes de fabrication ainsi que d’emballage et d'étiquetage. Ainsi, si vous croisez, en rayon, un vêtement labellisé GOTS, cela veut dire que chacune de ses étapes de production a été contrôlée et labellisée, et que chacun des acteurs intervenant dans la chaine de production a été audité et certifié. Autrement dit : une marque qui achète du textile GOTS et qui créé une robe à partir de celui-ci, sans être elle-même certifiée GOTS, ne peut prétendre à vous vendre sa robe comme un vêtement GOTS. Aucune rupture ne doit avoir eu lieu dans la chaine de production et le label s’applique à l’ensemble des composants d’un vêtement fini : du textile majoritaire présent, en passant par les fils, étiquettes et éventuelles passementeries*…

*hors éléments non textiles.

 

2. Qu’est-ce que le coton Oeko-tex® ?

 
 

Lors de vos recherches pour trouver des vêtements en coton bio, vous avez certainement déjà eu l’occasion de croiser le label Oeko-Tex®. Attention toutefois aux méprises. Loin d’être un label unique Oeko-Tex® est, en réalité, un organisme. Et celui-ci délivre plusieurs labels : Standard 100, Made in Green, Leather Standard, Organic Cotton… Mieux vaut donc éviter la confusion, d’autant plus qu’un seul d’entre eux certifie les produits textiles composés de coton biologique !

Lancé pas plus tard que l’année dernière, en avril 2023, Oeko-Tex® Organic Cotton, comme son nom l’indique, est ainsi le seul label Oeko-Tex® à distinguer les produits composés de coton biologique. Comme son homologue, le label GOTS, il distingue d’une part les articles composés d’au moins 70 % de coton biologique, reconnaissables à l’étiquette “Organic Cotton blended”, des articles composés à 100% de coton biologique, portant l’étiquette “Organic Cotton”. 

Ici encore, le label ne pouvant pas certifier à lui seul la culture biologique du coton, il se réfère à la famille des normes IFOAM pour garantir l’origine biologique des matières premières. Une distinction qui montre bien à quel point ce nouveau label Oeko-Tex® se distingue de ces prédécesseurs, notamment Standard 100 et Made in Green, qui ne garantissent, ni l’un ni l’autre, la nature biologique des fibres utilisées dans les vêtements. Ainsi, s’il est courant, comme nous le disions en introduction, de croiser des vêtements en coton présentés comme biologiques, parce que certifiés Standard 100 ou Made in Green, il n’en n’est rien ! La confusion réside plutôt dans le fait qu’il est possible qu’un vêtement labellisé Standard 100 ou Made in Green contienne du coton bio, mais pour l’affirmer, une amrque ou un fournisseur doit en apporter la preuve, à l’aide d’autres labels. Ouvrez donc bien l’oeil lorsque vous faites vos emplettes … 

Pour en revenir au label Organic Cotton Oeko-Tex®, celui-ci garantit donc des produits composés de fibres biologiques et sans OGM (les tests de dépistage autorisent une marge de 5% de matériaux génétiquement modifiés), et qui ont été testés pour confirmer l’absence de pesticides et d’autres substances nocives, bien sûr, interdits. Enfin, l’ensemble de la chaine de production doit avoir été évaluée, auditée et certifiée pour qu’un vêtement fini Oexo-Tex® Organic Cotton soit certifié comme tel. 

 

3. Qu’est-ce que le coton Better Cotton ?

Fondée en 2005, la Better Cotton® est une organisation à but non lucratif composée de détaillants et marques, organisations et producteurs, fournisseurs et fabricants du monde textile, ainsi que des membres de la société civile et indépendants. En 2009, l’organisation formalise sa Better Cotton Initiative, un programme international qui vise à accompagner les producteurs vers la production d’un coton plus durable. Pour ce faire, l’organisation a listé un ensemble de Principes et Critères (les P&C), que les producteurs ont obligation de suivre s’il veulent obtenir la licence BCI. Parmi ceux-ci, l’obligation de tenir un registre lié à la gestion, favoriser l’inclusivité et la place des femmes dans les prises de décision, mettre en place des procédés favorisant l’amélioration de la santé des sols, prendre des mesures visant à éliminer l’usage d’engrais synthétiques, privilégier un usage raisonné et justifié des pesticides, etc. etc.… Pour autant, il faut noter qu’aucune directive claire, précise voire contraignante n’est citée dans ces P&C qui n’oblige, au demeurant, de se conformer à aucun norme nationale ou internationale, en terme d’agriculture bio. Assez abstraites, les restrictions et règlementation se font “ne fonction des pays et territoires nationaux, et règles en application”. Quelques produits chimiques spécifiques sont toutefois interdits à l’échelle globale du label car considérés comme nocifs voire très dangereux à l’échelle internationale. Il semble également pertinent de  relever que la responsabilité du respect de ces P&C “incombe à l’entité ou aux entités détentrices de la licence”, autrement dit, aux producteurs, eux-mêmes, qui sont toutefois contrôlés par audits externes, sans précision de leur régularité. 

Côté marques adhérentes, celles-ci ont l’obligation de s’approvisionner en Better Coton à hauteur de 10% lors de leur engagement, part qui doit monter à 50% de leur approvisionnement en coton au bout de 5 ans. Attention toutefois, si vous voyez un logo BCI affiché sur un vêtement cela ne garantit en aucun cas que celui-ci est fabriqué à partir de coton cultivé plus durablement mais tout simplement que la marque qui a produit ledit vêtement est membre de la Better Cotton, comme l’indique désormais la nouvelle version de leur étiquette. 

 

4. Qu’est-ce que le coton OCS ?

 
 

OCS pour Organic Content Standard, est en réalité une norme plus qu’un label. Créée par l’organisation Textile Exchange, l’OCS a pour objectif de définir, au niveau mondial, les critères de certification qui vont permettre de reconnaitre une matière biologique, comme telle, tout au long de sa chaine de production. La volonté est de permettre au plus possible de producteurs de coton d’adopter le bio, en aidant les entreprises à faire reconnaitre leur démarche et la véracité de leurs allégations sur l’ensemble de la chaine de production et de transformation.

Ici aussi, OCS se repose sur les familles de normes reconnues par l’IFOAM pour garantir la qualité biologique des exploitations. Afin d’étendre la garantie au-delà de la ferme, la certification OCS permet donc de certifier et de garantir la traçabilité des matières biologiques produites sur les étapes suivantes. Ainsi, une fois le coton - ou toute autre fibre biologique - sorti de la ferme, OCS vérifie la suite de son parcours afin d’assurer sa traçabilité et de prouver qu’il s’agit bien d’une fibre biologique, et ce jusqu’au produit final. Pour ce faire, un. organisme tiers audite chaque étape de la chaine d’approvisionnement, en se basant sur les critères établis par l’OCS. 

L’OCS distribue deux niveaux de certification : d’une part OCS 100, certifie les produits composés au minimum de 95% de fibres certifiées biologiques et 5% maximum de fibres supplémentaires autres que bio, d’autre part, le label “Organic Blended” certifie les produits mélangés, composés au minimum de 5% de fibres certifiées biologiques (part qui peut aller jusqu’à 95% de fibres biologiques).

 

5. Qu’est-ce que le coton bioRé® ?

 

© bioRe®

 

Label privé suisse créé par la fondation éponyme, en 1993, bioRé® certifie les produits textiles équitables et composés à minima de 50% de coton biologique. Attention toutefois à ne pas confondre de logo : chez BioRé il existe un label distinguant le coton biologique produit de façon équitable “bioRe® Sustainable Cotton”, des produits textiles composés de coton bio équitable “bioRe® Sustainable”, et qui nous intéresse ici. 

Chez bioRé®, le coton provient  d’Inde et de Tanzanie, où la firme à ses producteurs. Avec un fort intérêt pour les enjeux sociaux de la culture du coton, le label bioRé® accorde une importance toute particulière à la protection de ces derniers. Les producteurs et entreprises souhaitant être labellisées doivent donc se soumettre à la norme SA 8000 interdisant le travail d’enfant, la fixation de minima sociaux et l’encadrement des heures travaillées. Les producteurs de coton sont fortement inclus dans la prise de décision et sont rémunérés 15% de plus que le cours du marché local. Le tout est certifié pat Flo-Cert seule certification internationale reconnue en matière de respect des standards sociaux. 

Côté environnement sur la chaîne de production, le label limite l’usage d’intrants et se montre assez restrictif concernant le contrôle des rejets des eaux usées. Toutefois peu de directives encadrent l’usage de l’eau et donc la question de l’irrigation des champs… Enfin, le label contrôle chaque étape de production et assure la traçabilité sur l’ensemble de la chaîne de production. 

 

Photo de couverture © Karolina Grabowska


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