Comment et pourquoi les jeans polluent autant ?

On ne cesse de nous le rabâcher, et ce n’est pas plus mal : nos jeans polluent énormément. Entre les kilomètres parcourus, la culture de coton, l’utilisation de produits chimiques … Nos jeans sont loins d’être clean !

D’ailleurs, saviez-vous qu’un jeans peut parcourir jusqu’à 65 000 kilomètres avant d’arriver dans nos placards ? Mais s’il n’y avait que ça … Et d’ailleurs, qu’est-ce qui pollue autant chez nos jeans ? Leur lourde empreinte carbone serait-elle surtout liée à la production du coton ? Ou peut-être est-ce du côté de la transformation du denim qu’il faut regarder ?

On sait que les jeans demandent un lourd tribu à la nature, mais quelles sont les étapes les plus polluantes ? Voilà la question, peu évidente, à laquelle nous allons tenter de répondre. Car sans compréhension, impossible de choisir une paire de jeans plus respectueuse de notre belle planète !

De la culture du coton jusqu’à l’arrivée du jeans dans nos placards, nous avons donc repris, étape par étape, le circuit de confection de nos indémodables jeans, afin de mieux comprendre leur impact environnemental. 

Promis, on va essayer de faire simple … ! ;)  

Yuna pour la Green Team

 

1. Le coton, une culture énergivore

Photo de Amber Martin sur Unsplash

Avant toute chose, dans le circuit de production de jeans, il y a la culture de la matière première : le coton. 

Ce végétal nécessite beaucoup de chaleur et humidité. C’est donc sans surprise qu’il est majoritairement cultivé dans des pays aux conditions climatiques qui lui sont favorables, comme l’Inde ou la Chine. Tous deux sont respectivement le 1er et le 2ème plus gros cultivateur de coton du monde !

Malgré tout, et quand bien même les climats lui sont favorables, le coton demande une grande irrigation, qui lui est prodiguée grâce aux ressources d’eau naturelles (rivières, lacs, nappes phréatiques). En moyenne, 1 kg de coton nécessite entre 5 000 et 17 000 litres d’eau. Une équation effrayante quand on la multiplie par les 25 millions de tonnes de coton récoltées chaque année. Pour le petit aparté, la mer d’Aral située en Asie a ainsi perdu les trois quarts de sa surface pour les besoins en irrigation les champs de coton. 

Le coton est donc une fibre extrêmement assoiffée qui, en plus de consommer énormément d’eau, est très friande de traitements chimiques. Pour pallier à l’attaque massive de champignons, d’insectes ou virus dans les fleurs de coton, de nombreux pesticides et insecticides sont aspergés sur les champs. Jusqu’à 20 traitements peuvent être appliqués par an et par parcelle selon en enquête de l’ADEME. Selon l’OMS, la culture du coton engloutit à elle seule 25% des pesticides mondiaux !

Avant même que la fabrication du denim soit entamée, la culture du coton pollue d’ores et déjà énormément l’environnement et bouleverse les écosystèmes. Il existe pourtant une alternative beaucoup moins gourmande en eau : le coton biologique. Il consomme environ 91% d’eau en moins par rapport au coton traditionnel. Le coton bio permet également de limiter l’utilisation de substances et procédés chimiques. Le coton bio serait-il donc le remède miracle contre la pollution du jeans ? À priori oui et non, car même s’il nécessite moins d’eau que le coton traditionnel, il n’en reste pas moins très énergivore. 

 

2. un filage tout aussi polluant

Photo de K15 Photos sur Unsplash

Une fois le coton récolté, il est prêt à être transformé en fil de coton.

Préalablement nettoyée puis séchée, la fibre de coton est désormais prête à être filée. Une étape qui ne génère aucune pollution, vous direz-nous, puisque celle-ci ne nécessite qu’une machine à filer après tout ! Erreur absolue. Oubliez le fuseau de la Belle au Bois dormant, les machines à filer sont désormais entièrement mécanisées. Et évidemment, qui dit mécanique dit énergie. Ces machines produisent des gaz à effet de serre car l’électricité utilisée est produite à partir de charbon ou pétrole.

L’ADEME précise également que, outre cette pollution, l’étape du filage génère un gâchis de coton. En effet, 10% du coton est perdu à cette étape. Cela signifie que pour produire les 600g de fil nécessaires à un pantalon en jeans, il faut considérer 670g de coton. Ainsi l’étape de filage du coton peut-être bien plus polluante qu’il n’y parait !

Une fois filés, les fils de coton sont également lavés puis teints. Et comme par magie, et après une bonne dose d’eau et de substances chimiques, notre coton prend la couleur bleue que nous lui connaissons. On estime que la teinture de ces fibres nécessite une centaine de kilos de pétrole, des solvants et 1000 litres d’eau. Et voilà, notre toile denim est maintenant prête à être tissée et assemblée. L’ADEME estime que l’étape de filage est l’activité qui rejette le plus de CO2 parmi toutes les étapes de confection d’un jeans (9,9 kg contre 2,3 kg pour l’assemblage)  

 

3. Le tissage, l’assemblage et leurs déchets cachés

Nous avons désormais notre fils de coton nettoyé et teint. Il doit maintenant être tissé afin qu’il prenne l’apparence de la toile denim. Les fils de textile colorés passent alors à la machine à tisser. C’est aussi à cette étape de tissage qu’est rajouté l’élasthanne. Il permet de donner un côté plus confort à notre jean mais cette matière synthétique est très polluante. La fabrication de l’élastahnne nécessite du pétrole, des solvants et autres produits chimiques dangereux pour l'environnement et la santé.

Notre toile denim maintenant confectionnée, est prête à être découpée et être assemblée en jeans.

La première étape de cet assemblage est la découpe du tissu. Évidemment, inutile de préciser que cette découpe génère de grosses quantités de chutes de denim. Nos 2 morceaux de tissu sont désormais prêts à être cousus l’un à l’autre. Une fois cette étape passée, le jeans est assemblé.

Il faut également ajouter à notre jeans des poches, des rivets, une fermeture et des boutons. Tous ces éléments sont fabriqués dans des pays comme le Japon pour les fermetures éclairs ou l’Australie pour les rivets. On commence à comprendre pourquoi un jeans peut parcourir 1 fois et demi le tour de la Terre ! Toutes ces pièces métalliques sont pour la plupart fabriquées à partir de laiton, de zinc ou de cuivre, charmant métal qui, lors de sa fabrication, polluent bien souvent les cours d’eau. L’assemblage ne se limite donc pas uniquement à assembler 2 pièces ensemble mais bel et bien de lui ajouter d’autres éléments polluants à la fabrication. Et voilà, notre jeans est ENFIN terminé … Et bien non, après ces multiples étapes, il en reste encore une et pas des moindres …

 

4. Le pire pour la fin : le délavage du jeans

Photo de trail sur Unsplash

Après son assemblage, notre jeans va subir une dernière étape, celle de l’ennoblissement. Un joli terme qui cache en vérité un réel désastre environnemental.

Afin de donner un aspect usé aux jeans, certains fabricants ont recours à la technique du sablage. Celle-ci consiste à propulser du sable à haute pression sur le jeans afin de lui donner un côté délavé. Une méthode ultra-chimique qui libère dans l’air des poussières dangereuses pour l’environnement, comme pour l’Homme. Au-delà d’un procédé catastrophique pour la santé des travailleurs, le sablage consomme énormément d’énergie et de produits chimiques. Et oui, car nous sommes bien loin du sable des plages de Tahiti ! Le sable utilisé est composé de silice, une poussière invisible contenue dans le sable. 

Évidemment le sablage n’est pas la seule technique utilisée pour embellir nos jeans. Parmi elles, une méthode malheureusement tout aussi polluante : le blanchiment. Et quoi de mieux que la javel pour blanchir nos jeans ? Cette technique vieille de trois siècles permet de blanchir un jean en un temps record. Seulement voilà, cette opération libère du chlore qui se mélange à des molécules présentes dans les sols, l’eau et l’air. Pour faire simple, une fois dans l’eau, la javel n’est pas biodégradable et est absorbée par les plantes, les animaux et enfin … par l’Homme. Une triste manière d’illustrer cette technique, qui, comme les autres, est un cercle vicieux pour la santé de l’Homme et celle de l’environnement. 

Notre jeans est maintenant assemblé et traité, prêt à être envoyé dans les magasins français.

 

En conclusion

De la récolte du coton jusqu’à son arrivée dans les magasins, le jeans nécessite des milliers de litres d’eau, d’énergie et génère une forte pollution de l’air, des sols et de l’eau. Bien loin de ne se répercuter que sur la nature, les jeans polluent également l’environnement de l’Homme notamment à cause de la contamination de l’eau et l’utilisation de différents produits chimiques. Un triste constat quand nous savons que près de 2,3 milliards de jeans sont vendus chaque année dans le monde.


Au final de sa course, notre jeans aura voyagé plus de 65 000 km entre les différentes étapes de fabrication. Des allers-retours entre les pays qui impliquent de longs transports et donc une forte consommation de pétrole et d’émission de gaz à effet de serre. Le cumul des étapes de production et de transformation font des jeans l’une des pièces les plus polluantes de notre dressing. Heureusement tout n’est pas tout noir, certaines astuces nous permettent de dénicher des jeans plus clean.


Photo de couverture : jasmin chew


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