5 red flags pour reconnaitre le greenwashing en cosmétique

 

La Green Beauty a le vent en poupe. Ces dernières années on ne cesse de voir fleurir de nouvelles marques de cosmétique zéro-déchet, naturelle ou certifiée biologique. Même les mastodontes s’y sont mis ! Tous partagent la même promesse : nous offrir des produits toujours plus sains et respectueux de l’environnement. Enfin ça, c’est sur le papier bien souvent… Parce que des cosmétiques véritablement écologiques, c’est bien plus rare qu’il n’y parait.

C’est que la “green beauty”, comme les anglophones disent, est un marché fructueux : en 2019, le marché français des cosmétiques bio et naturels aurait ainsi dépassé les 900 millions d'euros de chiffre d'affaires et devrait atteindre les 1,2 milliards d’euros, d’ici 2025. Si la plupart des client.e.s se dirigeraient vers ces produits dans le souci d’acheter des produits plus sains, 35% d’entre elleux les considèrent aussi comme des produits plus eco-friendly. À tord ? Trop souvent !

Désormais dominée par deux-trois blockbusters, qui ont su flairer le filon et prendre le train en pleine ascension, la cosmétique dite éco-responsable ne l’est pas toujours plus que la cosmétique conventionnelle. Liste d’ingrédients à rallonge, en provenance des 4 coins du monde, composants polluants à produire, fabrication en série de centaines de références, … Nombre de marque de cosmétique “eco-friendly” s’avèrent assez contradictoires avec leur valeur écologique. Alors pour mieux vous prémunir du greenwashing pratiqué par certain.e.s, nous vous avons listé 5 red flags qui rendent (quasi)-immédiatement le greenwashing identifiable. Et, bien sûr, on vous liste nos astuces et conseils pour s’en prémunir, en fin d’article !

La French’ team.

 

1. l’argument de la composition 100% naturelle.

© Ann Poan • Pexels

Ahhhh ! L’argument de la composition “100% naturelle” (ou presque). C’est THE argument phare de toute marque pratiquant le greenwashing, qui se respecte ! En même temps, c’est sur que lorsque l’on ne fait pas grand chose d’autre pour éco-produire ses cosmétiques, on ne peut tabler QUE sur cet argument-là…

Pour tout bien vous expliquer, on rappelle quelques notions essentielles. Un cosmétique peut-être composé d’ingrédients d’origine naturelle et/ou d’ingrédients synthétiques/chimiques. Ces derniers ayant de plus en plus tendance à disparaitre du marché, compte tenu de la défiance qu’ils suscitent, il n’y a désormais quasiment plus que des cosmétiques composés d’ingrédients naturels dans nos rayons. Alors si, bien sûr, il existe encore quelques formulations dans lesquelles on peut retrouver des composants chimiques / synthétiques, cela est presque devenu une exception. DONC, proposer des cosmétiques composés à 100% d’ingrédients naturels (ou presque) n’a rien d’exceptionnel et encore moins quelque chose d’écolo. Eh oui, un ingrédient naturel peut-être cultivé de façon intensive, à l’autre bout de la planète... Ce n’est donc clairement pas un argument qui permet de dire qu’un cosmétique est plus écologique !

 

2. l’argument du “fabriqué en France”.

© Karolina Grabowska • Pexels

Là encore gros dada des marques pratiquant le greenwashing, l’argument de la provenance du produit fini ou plus simplement du lieu de fabrication du cosmétique est des plus fallacieux et … Irrecevable ! Eh oui, en France, la plupart des cosmétiques sont fabriqués… en France ! Ce n’est pas pour rien que l’on est les leaders du marché mondial. Exception faite du maquillage, produit à plus de 60% en Italie, faire fabriquer ses soins et produits d’hygiène en France, de surcroit quand on est une entreprise française, n’a donc toujours rien d’exceptionnel.

Qui plus est, cela n’induit toujours pas que la production du cosmétique soit plus écologique. Certes notre crème visage, notre savon ou notre shampoing est fabriqué sur notre territoire national. Fine ! Mais pour autant les ingrédients qui le composent peuvent provenir des quatre coins de la planète : chose assez classique dans la cosmétique qui demande moult ressources, pour le coup pas très françaises (coucou la noix de coco, l’huile d’Argan, etc etc). L’argument tiendrait uniquement dans le cas où les ingrédients utilisés pour élaborer les formulations seraient, eux aussi, cultivés en France comme c’est le cas par exemple pour Médène qui propose des huiles végétales aux ingrédients français.

 

3. l’allégation “sans ingrédients controversés”.

© Monstera Production

Ou peut-être devraient-ils dire “sans ingrédients controversés connus du grand public” mais non, ce serait déjà trop honnête de leur part ! Certainement notre argument de greenwashing préféré parce qu’il ne manque pas de toupet, “le sans ingrédients controversés” est non seulement abstrait mais qui plus est, mensonger. La plupart des marques l’utilisant ont recours à des composants souvent remis en question par les labels cosmétiques bio ou des associations de consommateurs, comme les huiles hydrogénées, des tensioactifs à la fabrication extrêmement polluante ou encore l’usage d’ingrédients relevant de l’aberration écologique. C’est donc des cosmétiques sans ingrédients controversés, pour les marques ! Pourvu que vous ayez les mêmes critères qu’elles…

On rappel également que les mentions “sans” invérifiables ou pouvant être trompeuses sont interdites en cosmétique depuis le 1er juillet 2019, comme le rappellent l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Certaines allégations « sans… » pouvant toutefois être considérées comme “acceptables lorsqu’elles apportent une information utile aux personnes, qui, compte-tenu de leurs problèmes de santé particuliers ou de leur mode de vie ou de leurs convictions, souhaitent éviter une substance ou une catégorie de substances”, ce flou juridique entretient encore l’usage de ce type d’argument fallacieux…

 

4. l’argument du “noté excellent sur Yuka”.

Ah celui-la, on doit dire qu’on l’aime tout particulièrement aussi. C’est qu’il est symptomatique de comment on peut vouloir faire un truc clean, qui protège tout a chacun du greenwashing, et devenir soi-même un outil de greenwashing !

On ne présente plus l’application Yuka qui note les produits selon s’ils sont bons pour notre santé - et l’environnement - ou pas. Originellement spécialisée dans la food, l’application s’est, depuis, attaqué à la cosmétique et là, pour nous, c’est Patrata ! L’application a trouvé ses limites avec la cosmétique puisqu’elle ne permet pas de vérifier la traçabilité des ingrédients, ne distingue que difficilement les ingrédients vraiment problématiques de ceux employés faute d’alternatives (et qui peuvent même être autorisés en bio) et ne juge pas de l’engagement global des entreprises, tout en faisant l’impasse sur les choix de packaging. 

Si ce n’est clairement pas l’ambition de Yuka que de donner une vision exhaustive des produits cosmétiques les plus éco-responsables et clean, l’application - qui insiste toujours sur le fait qu’elle ait ses propres critères - est toutefois mise sur toutes les fiches produits comme gage absolu de confiance. Nous on dit que nenni ! 

 

5. l’argument de la certification bio.

© Nataliya Melnychuk • Unsplash

Certainement le plus subtil des red flags est pourtant… Là où l’on se croyait protégé par les labels, le greenwashing a encore réussi à passer entre les mailles du filet. Damn !

Pour bien comprendre pourquoi et comment un label peut devenir outil de greenwashing, il nous faut, là encore, être attentif à la communciation des marques. Celles pratiquant le greenwashing auront tendance à utiliser l’argument dans leur présentation globale, ou en intro de leur profil Instagram, l’air de rien. C’est ainsi que l’on obtient des présentations du type des “cosmétiques sains et bio” alors même que seulement un ou deux produits de la marque le sont (certifiés !). Pire encore, certaines marques usent de la certification de leur produit - véritablement effective - pour exagérer leur contenance en ingrédients bio. C’est que l’apposition du label rapporte gros, alors forcément beaucoup de marques ayant les moyens financiers intègrent le minimum requis d’ingrédients bio (c’est à dire 5% pour les labels les plus permissifs), se paient le label et voilà l’autoroute ouverte au greenwashing…

 

Bonus : le greenwashing cosmétique, comment s’en prémunir ?

À ce stade de cet article, vous devez sûrement vous dire que tout cela est bien décourageant. D’autant plus que ces arguments se retrouvent souvent mis en avant par des marques véritablement engagées. Il faut bien comprendre que ces promesses font vendre. Certaines marques éco-responsables n’ont donc d’autre choix que de reprendre certaines de ces formulations attendues du public. C’est aussi le cas avec la mention “non testée sur les animaux” qui tombe sous le sens puisque les tests sur animaux sont interdits en Europe. L’allégation a beau être interdite par la loi, nombre de marques y font encore mention car c’est une question et une attente du public (souvent mal informé sur le sujet).

Vous l’aurez donc compris, les marques pratiquant le greenwashing surfent en partie sur des arguments tout à fait viables, même pour des marques véritablement éco-responsables. C’est pour cette raison qu’elles peuvent parfois être difficilement distinguables. Non pour mieux vous aider à repérer ces coupables, mais plutôt pour vous permettre de repérer facilement les marques vraiment engagées, voici quelques pistes à suivre :

  • privilégier les marques aux cosmétiques certifiés bio par les labels les plus exigeants, vérifier que la grande majorité des cosmétiques sont bien labellisés, enquêter sur le pourcentage d’ingrédients bio présents dans les formulations. Celui-ci est de plus en plus souvent indiqué dans la fiche de composition (sur les sites internet des marques), surtout chez les marques qui n’ont rien à cacher !

  • favoriser les marques qui sourcent leurs matières premières en circuit-courts, privilégient le local voire l’anti-gaspi’ avec le ré-emploi de déchets végétaux et/ou alimentaires, par exemple (oui, oui, ça se fait !).

  • vérifier que la marque s’efforce de proposer des packagings les plus écologiques possible. La question des emballages est un des points essentiels de la pollution suscitée par les cosmétiques. Des marques favorisant des packaging ré-utilisables, rechargeables ou qui tendent le plus possible vers le zéro-déchet peuvent, elles, se targuer d’avoir une démarche écologique !

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